neuromuse
Réseaux neuromimétiques et
création musicale
Compositeurs, musiciens, chorégraphes et danseurs recourent de plus en plus à l'informatique dans leurs projets, depuis le travail de création, pour l'exploration des possibles jusque la réalisation, selon différentes modalités de communication homme-machine. L'informatique - la machine universelle - est un outil privilégié de formalisation, d'expérimentation, de simulation et de réalisation. Cependant, lors de mes différentes expériences comme ethnomusicologue et assistant musical, j'ai pu constater que lorsque la communication avec les machines s'effectue au moyen d'un code écrit dans un langage logique, la formalisation nécessaire à l'écriture de ce code peut s'avérer contradictoire avec la nature des connaissances invoquées, lesquelles peuvent etre intuitives, inconscientes, implicites, contradictoires, irrationnelles ou magiques. L'informatique traditionnelle est encore peu adaptée à ces situations pourtant courantes et naturelles ou opérent des connaissances transitoires et des croyances. L'établissement d'une communication pertinente requiert une adaptation et une plasticité instantanées du programme, si ce n'est un mimétisme, comme le suscite inévitablement le test de Turing. Dans ce contexte, les systèmes de réseaux de neurones artificiels, en s'inspirant de processus neurobiologiques, apparaissent comme une alternative particulièrement intéressante, dès lors qu'ils situent l'auto-adaptation au coeur même du dispositif informatique. C'est dans le
cadre d'une recherche chorégraphique, en 1999, que j'ai
été amené à écrire en langage Lisp mon premier réseau de
neurones artificiels. Je constatai alors que si les
systèmes neuromimétiques étaient bien capables
d'apporter des réponses pertinentes dans les domaines
artistiques, la compréhension et la maitrise de leur
fonctionnement constituait un vaste projet. Après une
période d'écriture et d'expérimentation musicale de cet
environnement Lisp, notamment auprès de Kasper T.
Tœplitz et Myriam Gourfink (Taire, L'écarlate),
cette recherche a été développée dans le cadre du Centre
National de Création Musicale de Nice (CIRM) de 2003 à
2006, donnant lieu, avec Robin Meier, à
l'expérimentation d'installations musicales
neuromimétiques (Musique pour une Nuit
Blanche, Symphonie des machines,
Amplification/Synaptique, Last Manoeuvres in
the Dark, ...), le développement d'agents
neuromimétiques musicaux, de travaux universitaires et
de publications musicologiques. En 2013,
l'activité de Neuromuse s'élargit et se poursuit
avec, notamment, les Rencontres
Dijonnaises de Recherche en Informatique Musicale,
des ateliers de création et autres rituels cyborgs... Frédéric Voisin |
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